Sex Worker Freedom Festival, Kolkata, India

Je suis en Inde!

Il y a quelques mois déjà que j’ai demandé une bourse pour faire une présentation dans le cadre de la XIX International AIDS conference . Cette conférence a lieu cette année à Washington, aux États-Unis. J’ai eu la bourse et tout mais bon. Je peux pas y aller. Pourquoi? J’ai des antécédents judiciaires en prostitution. Parce que je suis Pute. En effet, les États-Unis discriminent les personnes travailleuses du sexe et les usagerEs de drogues en leur refusant l’entrée dans le pays. Ok. Bon. Qu’es-ce qu’on fait? On participe à la conférence alternative en Inde!

Pour moi, cette alternative est ultimement importante en permettant à plusieurs personnes de participer, d’échanger sur nos pratiques et politiques et de se rebeller un peu, quoi!

Je suis crissement excitée par la rencontre d’autres travailleuses et travailleurs du sexe! Et de nos alliéEs, bien sûr!


(S)exploration urbaine

Chaude journée d’été à St-Henri. Rencontre à midi. On est 4 amiEs tds qui vont faire un après-midi shooting lors d’une exploration urbaine. On est accompagné d’une guide. Mon sac déborde de souliers, de chapeaux, de lunettes, de lingerie…On veut s’amuser et peut-être même utiliser ces photos pour nos sites!

Alors voilà quelques images des lieux et de quelques amiEs participantEs:

Mon ancienne copine m’avait raconté qu’une amie faisait de l’exploration et elle m’a mise en lien. Une chance! Elle a été notre guide pour l’aprem d’explo sexy et sweaty!!

L’endroit était vraiment trash! Mais aussi TRÈS beau joli et inspirant!

Il y avait de nombreuses pièces à découvrir. J’ai passé un moment génial!

Et voilà! Une p’tite dernière juste pour le fun!!!


Se définir comme pute féministe

Déjà quelques temps déjà que je me suis réapproprié le mot pute. J’aime la puissance qu’il me procure une fois que sa signification négative ne veut plus rien dire pour moi. Je ne tiens pas, par ailleurs, à réduite les effets stigmatisants du terme! Bien au contraire! Je connais la souffrance de se faire traiter de pute. J’ai d’ailleurs été marqué par ce stigmate bien avant d’avoir fait mes premières expériences dans le métier! Nommez-moi qu’une personne qui n’a jamais eu peur de passer pour pute…

Dans mon expérience, le fait de me dire pute me permet de prendre le pouvoir. D’avoir le pouvoir sur ce qui m’atteint, ce qui me blesse. J’ai choisi de prendre soin de moi. De revendiquer un statut. Une identité. Parmi tant d’autres. Je lui ai même accolé un adjectif! Parce qu’en plus d’être pute, je suis féministe. Une pute féministe! Je comprends que ça dérange. Je comprends que le féminisme avec un grand F (blanc, occidental et hétérocentré…) se sente bien à l’étroit trop près de la pute. À cause de la chaleur qui s’évade d’entre ses jambes. Ou de la beauté effarante de la fierté qu’elle a d’être. Pute.

En tant que pute, je réalise que je suis féministe quand:

-je ne me sens pas reconnue comme citoyenne.
-je n’ai pas le même accès aux services que le restant de la société.
-je suis criminalisée, enfermée et victimisée pour mon travail.
-je me révolte contre ces injustices.
-je m’organise avec d’autres travailleuses et travailleurs du sexe.
-je me révolte collectivement.
-je m’autodétermine.
-je respecte l’immense diversité du travail du sexe, de ses travailleuses et travailleurs et de leurs conditions de travail.
-j’élève ma voix. Pour me faire entendre. Pour me faire respecter. Pour négocier un service sexuel. Pour dire mon prix.


Corps libres

Par moi-même et une collègue de travail et de lutte commune, affiche créé dans le cadre d’Artung à Montréal (mai 2011).

On est Créatives!
On est Anarchistes!
On est Explosives!

Notre 15 minutes de gloire!


postpornons un peu, voulez-vous!

« Plus j’y pense, puis plus je crois qu’il est réellement là le noyau de mon féminisme. »

« Tout est dans le sexe! »

Ces réflexions sous forme de dialogue sont nées suite à l’immense joie d’avoir collaboré à la pratique postporn. Dès notre sortie, en fait, nous avons entamé une discussion enflammée directement sur la rue Ontario et qui s’est continuée via courriel. Des trucs perso, politiques, érotiques…des liens se sont alors créés et c’est de cette façon que l’envie de tout partager s’est fait sentir. Ce texte ne se veut pas académique mais est plutôt axé sur une démarche de connaissance de soi à partir de la découverte.expérience des sexualités et des formes que cela peut prendre. C’est un peu notre terrain, anthropologiquement parlant !

Jane : En fait, oui.
Tout est lié consciemment ou non à la sexualité, mais c’est vraiment lorsque l’on se met à réfléchir et à mettre tout ça en pratique que ça permet de penser le sexe différemment.
Les deux s’alimentent et justement s’entraident à penser le sexe différemment et le faire différemment. C’est là ou il y a à mon avis quelque chose de puissant.
……….mais dis-moi pourquoi tout est dans le sexe…?

Nana : Le sexe, tel que représenté dans notre société, est tellement chargé de messages à saveurs morales et empreint d’un conservatisme religieux qu’il ne permet pas de vivre une sexualité libre et épanouie entre adultes consentants. Les luttes féministes ont donnée de bons résultats comme le droit à l’avortement mais encore récemment, le gouvernement au pouvoir s’est opposé à ce droit. Le rapport au corps et l’autonomie face au choix d’en disposer sont des concepts importants dans les analyses féministes pour le droit à l’avortement et c’est évidemment la même chose dans les luttes des droits des travailleuses(rs) du sexe.

Jane : La postporn, c’est reprendre ces représentations et symboles donnéES au sexe pour les redéfinir, les rejouer. Il s’agit donc de déjouer les codes hétéronormatifs très présents dans les représentations sexuelles.
Grosso-modo, c’est un travail où on donne une attention et une visibilité centrale à la diversité des types de corps présentés, des pratiques sexuelles variées sont performées et données à voir et aussi parfois, une redéfinition des genres. L’importance de tout ça s’incarne dans le processus de montrer ce qu’il y a à voir.
Donner à voir, c’est légitimer et permettre l’identification à d’autres représentations, qui sont autrement mises de côté, voire invisibilisées complètement.
Je vais faire du pouce sur l’enjeu de l’autonomie face au choix de disposer de son propre corps et la volonté de montrer de nouvelles identités. Là-dessus, je crois qu’il est important de mettre de l’avant un nouvel acteur social engagé à la fois dans la défense des droits des TDS et la solidification des solidarités entre féministes et TDS, peu importe sphères d’activités sexuelles dans lesquelles elles travaillent (salon de massage, travail de rue, escorte, téléphone rose, actrices, etc.)
A mon sens, comme féministe, il va de soit de se solidariser avec les minorités sexuelles et les personnes vivant diverses oppressions, que celles-ci soient liées à leur identité de genre ou de sexe, de leur précarité financière, de leur statut de santé (handicap, VIH, Sida, autres…), etc.
Donc, OUI à la solidarité avec les personnes vivant des oppressions, mais aussi et surtout un OUI aux personnes qui, faute de pouvoir sortir du capitalisme, du classicisme, du sexisme, de LGBT-phobie et putophobie, résistent de toutes leurs forces pour sortir des zones confortables pour réinventer, réimaginer, reconfigurer nos combats, nos expressions artistiques, nos militances, nos vies.….et cela inclut la réinvention d’images nouvelles pour se réapproprier la pornographie pour agir sur celle-ci.
Faire du postporn, c’est donner naissance à des discours et des images nouvelles.
Je me suis réellement surprisE moi-même ce samedi!

Nana :  Moi aussi! Je suis hyper heureuse d’avoir participé à l’expérience de la post pornographie. Je me sens privilégiée d’avoir fait cette expérience. Tu vois, j’ai pris la décision de me lancer dans quelque chose dont j’avais envie et j’ai vraiment apprécié. L’endroit, le paysage avec vue sur la ville de Montréal, les gens qui ont participés, la musique qui jouait, la facilitatrice qui m’a tout simplement enchantée avec ses exercices pour nous mettre à l’aise. Même l’odeur du gingembre entremêlé à l’odeur des fluides corporels était carrément stimulante! Tout cela a permis mon propre épanouissement pour cette journée et c’est comme si cette activité de discussion suivie de la pratique a opéré un charme en moi. Je désire de plus en plus m’investir dans les luttes liées à la sexualité. Que ce soit dans l’accessibilité aux informations pour la réduction de transmission des ITSS ou dans les représentations nouvelles que l’on fait quand on se donne la place pour faire du sexe libre.

Jane : J’imagine ton sourire, grand comme dans les chouettes occasions!
Et comment !
Moi, ça m’a transforméE de bord en bord. Honnêtement.

Nana : Pour moi, je ne parlerais pas de transformation. Je ne me suis pas transformée du tout! Je suis féministe et faire du sexe devant la caméra dans une perspective féministe et queer, ça m’enchante au plus haut point! C’est vrai que regarder de la porno féministe (et en faire!) ça donne de la force sur le contrôle que tu as sur ton corps. On peut parler de réappropriation corporelle mais pour moi, la projection d’images nouvelles dans l’industrie du sexe est le plus important car elle contribue à rendre visible d’autres corps, d’autres sexualités qui sont invisibilisés par l’institution de l’hétérosexualité qui prédomine dans ce que diffuse la porno traditionelle. Personnellement, je ne me reconnais pas dans la pornographie mainstream mais ce n’est pas une raison pour l’abolir ! Au contraire, reprenons à notre compte la porn et rendons hommage à la diversité! Prenons le temps de découvrir nos corps. J’ai le droit de prendre mon pied moi aussi!

Jane : Bien sûr que prendre son pied c’est célébrer la multiplicité et diversité des expériences liées au sexe ! Je revendique la jouissance à autant de membresses (sic) qu’il le faudra, crois-moi ! C’est à mon sens une volonté d’aller au delà de la pornographie traditionnelle, qui personnellement, ne m’intéresse pas.
La principale raison de mon désintérêt pour la pornographie traditionnelle straight est que je ne m’y retrouve pas du tout représentéE, donc je ne réussiE pas à m’y identifier.
Je trouve également que celle-ci est trop fixée sur l’orgasme strictement masculin de l’homme, au détriment des plaisirs des femmes.
À cet effet, le corps des femmes est central dans l’imagerie pornographique. J’ai l’impression que les corps féminins tels que véhiculés dans la porno traditionnelle hétérosexuelle et hétérocentrée ne sont que des outils pour mettre en valeur uniquement la sexualité des hommes en mettant de l’avant la jouissance de ce dernier.
À vrai dire, pour moi, la porno straight est intrinsèquement patriarcale. Il s’agit donc de trouver une façon de faire et penser de la postporn anti-autoritaire et féministe et queer…et pourquoi pas anticapitaliste par-dessus le marché ?

Mais, je crois que malgré mes appréhensions, mes terribles craintes vis-à-vis l’atelier pratico-pratique; j’ai crû bon sauter dans cette expérience.

Nana : Pour moi, la hâte est venue quand j’ai finalement tout orchestré avec les enfants. Pour rien au monde je n’aurais manqué l’occasion de me mouiller féministement dans ce côté de l’industrie que je n’avais pas encore expérimenté dans mon parcours sexuel! J’ai pratiqué mon travail dans les salons de massages érotiques, occasionnellement dans les bars de danseuses, comme escorte indépendante, au motel, à l’hôtel, sur le trottoir mais je n’avais encore jamais eu l’opportunité de travailler sur un projet de porno dans une perspective féministe et queer de réappropriation et d’empowerment.

Jane : Pour mon petit moi, c’est vraiment un changement bout par bout.
Jamais je n’aurais pu oser penser faire cela il y a cinq ans, même pas il y a deux ans.
Mais je sais que j’ai fais le bon choix, devinant un peu ce que cela allait provoquer en moi et sentant que les conditions idéales et favorables y étaient.

Nana : J’avoue que l’occasion était parfaite surtout que depuis qu’on s’est rencontré qu’on discute presqu’autant de pornographie que de féminismes! Notre intérêt commun pour les sexualités nous a permis de devenir complices! C’est toi, en fait, qui m’as fait découvrir la postporn via ta collection personnelle.

Jane : Oui!!! Mais notre complicité va au-delà de ce délicieux intérêt pour toutes choses sexuelles ! Hum…intéressant que tu mentionnes ça, parce qu’en fait, j’avoue que je n’y avais pas pensé avant… Vrai qu’on parle de sexe, de porno et de féminisme pas mal à part égal. Ce sont quelques sujets parmi plusieurs que nous avons en commun et ouais, on finit pas mal toujours par retomber là-dessus, à mon plaisir et au tien, bien sûr!
Ce qui nous renvois à ce que tu disais tantôt concernant que tout est dans le sexe.
Oui, la sexualité est présente partout.
J’y réfléchie depuis plusieurs années, mais c’est relativement récemment que cela s’est réellement cristallisé et que ma sexualité s’est décoincée et s’est mise à être pensée et performée différemment.
Elle s’exprime avec une plus grande maitrise de soi, de ses désirs, de ses capacités.
Cette expression se trouve alimentée de toutes parts.
Elle est façonnée par mes lectures, l’environnement intellectuel dans lequel je baigne, ainsi que par mes amies. Le simple fait que je suis, comme toi, en études féministes à l’UQAM, est un élément clé de mes réflexions sur le sexe.
En effet, mes réflexions sur le sexe sont influencées par une panoplie de choses comme la diversité des identités de genres et de sexes, les divers courants de pensées féministes, la mouvance queer, la performance, ma solidarité pour le travail du sexe, les relations de pouvoir et tout ce qui touche à la sexualité féminine.
En fait, mes travaux, lectures et réflexions sont orientées principalement vers des thématiques où les sujets sont diverses: les travailleuses du sexe, les hommes féministes, les identités trans’ et queer, les identités multiples dans les autoportraits de Claude Cahun, pour ne nommer que quelques unes.
Cet intérêt pour la marginalité prend racine dans ma propre marginalité.
J’ai cet intérêt pour la postporn notamment pour ce qu’elle permet comme espace d’expressions de la marginalité. Celles-ci recèlent en elles un potentiel explosif d’empowerment et d’autoreprésentation puissante. Ça me titille autant intellectuellement que sexuellement!

Pour moi, la postporn est l’une des manières de proposer des représentations fortes et de jouer avec tout plein de façons de subvertir les normes.
Je crois que c’est important de centrer la représentation des femmes dans la pornographie féministe comme outil afin que les participantes puissent s’affirmer, à la fois comme sujet d’une œuvre cinématographique et comme créatrices. Être sujet et créatrice à la fois, c’est participer à un empowerment, une prise en charge de la représentation des sexualités des femmes au cinéma.

Mon éveil face à la postporn s’est fait avec plusieurs visionnements à répétition des vues de Bruce La Bruce, un réalisateur homo trop porno pour le film d’auteur et trop auteur pour la porno.
Je crois que c’est de là dont tout est parti.
C’est vraiment un réalisateur qui fait une œuvre qui est unique en son genre.
C’est un cinéma qui joue avec tout plein d’influences et de références visuelles, littéraires et culturelles diverses (les hustlers de L.A., les punks, les skins, le milieu du cinéma d’auteur, John Waters, Fellini, les groupes d’extrême droite et de gauche, les films de zombies à la George A. Romero, etc.).
Comme tu sais, j’aime bien partager…alors lorsque j’ai sentie un intérêt de ta part pour le porno hors-la-norme, je me suis dit que c’était tout naturel de te refiler ça…pour ‘réflexions’ personnelles et usage strictement académique, bien entendu !
Je dis ça, mais c’est la même chose avec la musique, les bouquins, les trucs qui nous font vibrer. Ça se partage ces trucs là ! Idem pour la sexualité, penser la sexualité et la faire.

Nana : Oui, c’est vrai que plusieurs choses peuvent nous faire tripper et partager nos trippes alimente très certainement nos connaissances et nos intérêts. Étant déjà amateurE de film porno, tu n’imagines pas la jouissance de découvrir une porn qui me ressemble! Des films où les femmes ont du plaisir et des orgasmes. Des films où les sexualités, les genres ne sont pas ancrés dans la norme. Des films où les codes sont flous. De plus, pouvoir faire de la porn me semble vraiment nécessaire à la transformation des représentations sexuelles mais également à la légitimation de ma sexualité, de qui je suis et de ce que je veux pour mes enfants. Car ce n’est pas vrai que je vais encourager une éducation genrée pour mes filles basée sur l’hétérosexualité forcée. J’ai envie de leur montrer la beauté des diversités! Et je crois que toute révolution commence à la maison. Alors si je ne peux me permettre d’expérimenter la porno féministe pour je ne sais quelle raison, je vais surement avoir de la misère à expliquer à mes filles qu’elles peuvent avoir un chum ou une blonde par exemple. Pour moi, c’est important de vivre une sexualité saine et être à l’aise avec mes choix afin de pouvoir accompagner mes filles dans le chemin qu’elles choisiront à leur tour.

Jane : Si tu affirme que toute révolution commence à la maison, ça signifie que le perso est politique, et ça, j’en suis pleinement conscient et je suis en accord avec toi. Cependant, je tiens mon bout en affirmant que la révolution se doit d’être menée pas seulement au niveau individuel, mais nécessairement de manière collective. Ça doit prendre place à l’extérieur de la sphère domestique : dans les espaces publics, dans les manifestations, dans les échanges avec d’autres, dans la diffusion d’écrits, d’images et d’idées. Sans cet aspect collectif et la mise en danger de soi en sautant dans l’espace public, cela ne donne rien.
Faut pas oublier que la post-porn, elle est belle et bien féministe, et qui dit féministe dit mouvement social : célébration des différences, renforcement des solidarités et résistances aux oppressions. Bref, en bout de ligne c’est s’organiser et résister et s’empowerer !

C’est vraiment tout ça qui vient me chercher vraiment solidement : la beauté des diversités.
La camaraderie, l’atmosphère, les regards, l’électricité, la complicité et SURTOUT, les éclats de rire! Se retrouver dans un environnement où on peut être qui on veut avec d’autres, sans se sentir jugéE, moi, j’ai vraiment trimé dur pour trouver des représentations positives de mes désirs, de mon corps, de mes pratiques sexuelles dans la pornographie.
Pour moi, la découverte et la pratique du postporn a été la lumière au bout de tunnel.
C’est puissant tout ça !
Il s’agit d’un éclatement des codes. C’est ce qui en fait un attrait à mon avis.

Nana : L’amour de soi et des autres est très important selon moi mais comme tu dis, il faut également s’éclater! Le rire dans l’amour, dans le sexe est pour moi un indicateur de plaisir!

Le côté humain entre les personnes qui participent à une séance de postporn est très positif et m’inspire à continuer de vivre ma vie comme je le sens. L’énergie qui circule dans ce genre d’atelier est très importante justement pour créer une atmosphère de respect, d’ouverture à la découverte de soi et des désirs qui sont si souvent refoulés, marginalisés et même évacués.

Jane : Je crois que la raison pourquoi j’ai eu une barre dans le ventre et souffert d’insomnie durant deux jours; c’est justement parce qu’inconsciemment ou non, faire l’atelier allait être libérateur à tant de niveaux. Je savais au fond de moi tout ce que cette activité pouvait révéler comme potentiel insoupçonné chez moi.
Se libérer, c’est souvent tellement terrifiant et ça paraît tellement loin de ses capacités, de ce dont on est capable de faire. C’est libérateur car ça me permet de tisser tellement de liens entre tant de choses dans ma tête, dans mon corps, dans mon féminisme, dans mon queer, dans ma sexualité, ma compréhension du monde, etc.
C’est la réappropriation de Jane par Jane, c’est mon féminisme en action, c’est faire preuve d’agentivité, c’est tellement fort que ça me submerge et m’enveloppe.
Je suis féministe et je me sers généreusement du postporn comme un outil parmi d’autres pour m’affirmer, repousser mes limites et politiser ma sexualité.

J’ai l’impression curieuse que tout cela devait se produire afin de progresser, d’aller de l’avant.
Honnêtement, je me rends compte avec une clarté éblouissante à quel point c’est puissant.
Mon féminisme, mon queer et mon genre se trouvent réactivés et revigorées d’une telle énergie, d’une telle puissance que ça me saoule. C’est tellement de choses, d’émotions, de claques dans la gueule en même temps.
L’empowerment, c’est tangible, c’est réel : Ce n’est pas un calisse de concept flou.
C’est une réelle putain de libération pour moi, mais surtout pour l’enfant que j’étais et la personne que je suis (en train de devenir).
Autant le féminisme et le queer m’ont aidé et m’aident à mieux comprendre le monde; autant cet atelier là devient un outil dans ma boîte à outil. Cet atelier là s’emboite et fait corps avec mon cheminement intellectuel, politique, personnel et social.
C’est vraiment un work in progress.
Cette expérience, c’est réellement une clé pour débarrer une porte, comprendre et agir.

Nana : j’aime bien l’image de la clé…en fait, il est possible que la pratique vienne expliquer ce que les livres, les théories nous apprennent en institution. Pour moi, l’atelier est très certainement lié à mon domaine d’études soit les études féministes. Mon choix d’études est lui aussi intimement lié à qui je suis comme femme, comme mère et comme travailleuse du sexe. Donc, si je fais un retour en arrière, je constate que l’apprentissage universitaire vient mettre des mots sur l’expérience de vie et la pratique de la postporn vient mettre du poids tant sur les lectures universitaires que sur mon chemin de vie. Comme un dialogue entre l’institutionnalisation du féminisme et le côté terrain.

Jane : C’est très semblable à mon cheminement, la vague de fond est là : mettre des mots sur les expériences vécues et du même coup, les légitimer, leur donner sens.
Évidemment, je viens d’en apprendre long sur le travail du sexe, la diversité sexuelle, les désirs, l’autodétermination et l’anarchisme.
En fait, cet atelier se situe à la croisée de bien des chemins qui s’influencent, se pénètrent, se confrontent.

Participer à un atelier de postporn, c’est pour moi une façon d’en apprendre sur sa propre sexualité, sur les interactions entre les gens et comment il est possible de vraiment se réapproprier sa sexualité et ses désirs.
Je crois qu’autodétermination n’est peut-être pas le mot juste.
Le mot empowerment est plus approprié, puisque ce mot signifie une prise en compte, une prise de position, une réactivation et affirmation de soi-même. C’est se donner ses propres outils pour prendre son destin dans ses mains en quelque sorte…
La croisée des chemins, c’est que la postporn est féministe à mes yeux.
Elle est intimement liée à une représentation positive de la sexualité et à une refonte des désirs et des plaisirs.……….et bon, l’aspect DIY à l’os est intrinsèquement anarchiste et ‘grassroots’ qui est très important et fait partie de ce tout auquel nous avons touTES deux participéES.

Nana : C’est drôle car je pense que la postporn est une forme de sexualité positive et que cette pratique peut très bien entraîner des changements individuels et/ou collectifs au niveau des désirs, des plaisirs, des sexualités et que le discours entourant la porno féministe peut permettre le changement social ou du moins, donner de la visibilité aux dissidentES! Personnellement, le fait de visionner de la pornographie alternative me stimule vraiment au niveau de l’intellect et c’est là que tu te dis que le sexe, ce n’est pas juste dans les culottes que cela se passe mais aussi et même plutôt au niveau mental. Maintenant que je suis sensibilisée à d’autres représentations possibles de la sexualité, je vois les choses différemment. Je réalise à quel point j’ai envie de mettre à contributions mes expériences de vie, à partager ce qui me fait bander et puis de ne plus jamais me censurer, que ce soit dans le sexe ou ailleurs.

Jane : OUIIIIIIIIIIIIII !
C’est clairement ça : positif, festif, inclusif, féministe.
Ne serait-ce que pour proposer autre chose qu’un discours antisexe (*baîllement*) ou à l’inverse des trucs terriblement humiliants, violents et misogynes; ça vaut AMPLEMENT la peine de s’y investir, d’y réfléchir et d’en faire. A tout le moins d en visionner !
Ça c’est cool et inspirant.
C’est encore mieux lorsque de la postporn est produite collectivement, en mettant sur pied un mode d’organisation basé sur l’échange d’idées et le consensus !
………..et le mot dissidentES que tu as utiliséE est trrrrrrrèes SEXY !

C’est VRAIMENT beaucoup de trucs à prendre en pleine gueule en un seul et unique après-midi (pour l’instant!!!), d’où tout ce processus d’analyse, de compréhension et de sensation
Ce processus créatif jumelé à la diversité des corps et pratiques forment un mélange explosif!

______________________________________________________

Parlant d’explosion, cette volonté de travailler sur nos sexualités et à partir de celles-ci débouche sur une finalité aussi coquine que politiquement forte.
Cette volonté est celle de travailler solide à baiser le patriarcat, la norme, la contrainte à l’hétérosexualité et l’hétérosexisme!


Travail du sexe et déconstruction du genre

J’ai récemment travaillé avec des hommes qui répondaient à mon annonce les invitant à expérimenter la sodomie. Spécifions ici que je leur offre d’être pénétré par moi et non le contraire. Alors voilà que je reçois des tonnes de réponses. J’ai rencontré des mecs à la recherche de sensations nouvelles, d’autres étaient déjà initiés et, suite aux conversations que j’ai eues avec eux, j’ai découvert que de travailler dans les métiers du sexe pouvait entraîner un changement dans la conception binaire du genre, soit le féminin et le masculin et cela autant pour les travailleuses(rs) que les clientEs.

Bien entendu, dans la gender binary, on retrouve un mec actif dans la sexualité et une nana passive. L’homme est le pénétrant et la femme, la pénétrée. Et bien je peux vous dire que mon expérience avec la sexualité et avec mon travail me permet de dire que la réalité n’est pas toujours ancrée dans les stéréotypes de genre!


ma vulve, mes doigts et désir de me plaire

Il fait chaud, c’est la nuit. il y a un orage électrique dehors et j’adore ça. Je ne dors pas et je tourne dans mon lit. Lentement, des doigts courent sur moi, mes doigts me parcourent et ma peau apprécie. J’ai envie de sexe, j’ai envie de moi. Je désire tant que mon corps se cambrent sous les éclats de plaisir!

Ma tête s’agite en même temps que mes mains. Je mets en scène un ptit mec vraiment sexy qui me sert des gin tonic en rafale quand je m’assis au bar de cette brasserie d’abitibi. À chaque fois que jme retrouve devans lui, je bande à l’idée de voir mes seins écrasés sur sa poitrine et de le sentir durcir contre mon ventre.

Mes doigts caressent mon poil pubien et s’attardent sur mes lèvres. Ils coinçent mon clitoris et le frotte doucement. J’imagine mon mec qui tend à me prendre et je visualise son pénis allant de mon clitoris à l’entrée de mon vagin. C’est chaud et mouillé. C’est moi qui est chaude et mouillée.

Les éclairs de l’orage éclairent mon corps et mon bassin bougent sous mes caresses. Je me trouve belle. J’ai la peau douce et mon sexe, moite, sent le désir. Je me regarde comme il me regarde. Il me voit comme je me vois. Sexy, désirable, ronde et sucrée comme un ananas.

Doucement, je viens dans mes mains. Ma chatte m’aspire les doigts et mon miel se répand dans les draps.

Je redécouvre mon sexe encore une fois et c’est encore meilleur à chaque fois!


hétéronormativité, sécurisexe et club échangiste

Je ne suis pas une adepte des endroits échangistes ou des soirées fétiches. Je n’affirme donc pas avoir une vision globale de ces milieux. Par contre, je souhaite parler de mon expérience dans ces endroits. En fait, suite à ma soirée fétiche, j’ai été déçue et beaucoup de questions ont « poppé » dans ma tête.

Pour commencer, je dois dire que j’ai vraiment apprécié la préparation pour cette magnifique soirée. Me faire coiffer et maquiller par une amie, courrir les magasins pour me trouver un talon haut en cuir verni qui irait avec mon bustier de la mort (!) et bien sûr, mettre en branle un scénario de jeux pour nous, amis et amies.

soirée fétiche

Arrivée sur place, je trouve mon monde et on s’installe dans un coin histoire de discuter un peu et de voir comment ça se passe. À ma grande surprise, il y avait plusieurs règlements dont plusieurs ne me convenaient pas. Par exemple, pas de nudité et pas de pénétration. Alors comment on fait pour baiser?? Bien sûr, je comprends que pour certainEs, le BDSM reste un lieu de jeux sans sexe mais je trouve cela dommage pour d’autres qui aimeraient bien combiner les deux! De plus, dans les règlements, il y avait une clause à propos des « safewords » à utiliser. Étrangement, on ne parlait que du « red » qui signifie d’arrêter et de plus, on indiquait que si les personnes ne s’arrêtaient pas, des responsables allaient venir! Je trouve cela bizarre et me questionne sur les gens qui fréquentent cet endroit. À quoi ça sert d’avoir des codes si les participantEs ne les respectent pas? Je suis peut-être naïve mais lorsque je joue avec des amiEs, le consentement et la négociation sont très importants et on se respecte dans nos limites et restrictions. Je me disais que ce n’était pas la meilleure place pour jouer finalement…

Mes fesses, mes cuisses et ma chatte ont quand même testé le martinet d’une amie histoire de jouer un peu! Mais comme on ne pouvait prendre de photos, c’est les responsables de l’endroit qui ont immortalisé notre scène. Alors, je n’ai même pas le contrôle de ces images, ce qui m’emmerde royalement.

On a quitté tôt et on a décidé de se rendre dans un club échangiste. Deux filles seules qui entrent ne restent pas seules longtemps…Dès notre arrivée, on a été invité dans une chambre noire, la « blackroom ». Un lieu qui peut être vraiment intéressant si tu consultes tes partenaires à l’avance histoire de s’entendre sur les pratiques désirées et sur le sécurisexe. Mais ça ne s’est pas passé comme cela. Tout allait trop vite, je me suis retrouvée dans cette pièce sans avoir pris le temps de s’organiser. Évidemment, je n’y voyais rien et les gens ne parlaient pas non plus. J’ai tenté de me mettre à l’aise mais quand une personne m’a attiré par la tête pour une fellation, je me suis retirée. Ce n’est pas le fait de sucer unE inconnuE qui me dérange, mais bien le fait de ne pas en avoir discuté au préalable et de s’assurer que je voulais faire ou non une fellation sans condom.

Pendant que ma copine s’amusait dans cette pièce, j’ai observé l’endroit et les personnes. Je me sentais différente. Je ne suis pas blonde et mon mec (une fille dans mon cas) n’était pas top shape avec des tatoos sur les biceps. Je n’ai pas vu de filles entre elles ou de mecs entre eux. Les filles, quand elles se retrouvent ensemble, donnaient plutôt l’impression de faire un show pour les mecs. Très hétérocentré comme attitude et je ne me reconnaissais pas du tout dans ce genre de trip.

Finalement, je n’ai pas détesté mon expérience pour ne plus jamais recommencer!!! Loin de là! Mais pour les prochaines fois, je saurai à quoi m’attendre!

Mais personnellement, je crois que l’idéal est de se retrouver chez unE amiE et de jouer dans un endroit non-public où on peut se mettre à poil et baiser si on en a envie!!!


Espace safe et kinky pour mon plaisir

Et probablement aussi pour le plaisir des autres participantEs!
Depuis quelque temps déjà que j’attends ce moment, cette soirée qui prétend être un lieu invitant à la débauche…après réflexion, je réalise qu’avant même que le moment ait lieu, je mouille mentalement tant je partage mes fantasmes à mes amiEs qui seront de la partie!!! C’est épatant comme la préparation est importante pour une soirée fétiche! Putain, j’adore!

Au delà du code vestimentaire, ce genre de soirée nécessite d’avoir penser au sexe. Comment je vois ma soirée? Je me vois soumise ou dominatrice? De quoi j’ai envie? À mon sens, le BDSM est intrinsèquement féministe car je crois que celleux qui le pratiquent doivent penser l’utilisation du corps comme un lieu d’appropriation de pouvoir et d’autodétermination et pour qui le consentement est sexy et nécessaire pour pouvoir prendre son pied! Ainsi, en tant que féministe prosexe, j’utilise cette délicieuse soirée ainsi que sa préparation pour m’affirmer dans la négociation et le consentement de ce que je souhaite vivre en prenant le soin d’exprimer mes désirs et mes limites à mes partenaires. Et j’ai décidé de m’habiller slutty!


mon corps comme un plateau

Sortie de la douche enroulée dans une serviette, j’invite ma femme à aller se rafraîchir elle aussi.
J’installe ma serviette au centre de la pièce et sors du frigo les trucs dont j’ai besoin pour offrir un lunch des plus sexy funky!
Assise sur ma serviette, j’entreprends de placer les sushis sur mes chevilles, en haut de mes genoux. Bien sur, je dépose délicatement un nigiri au thon sur ma chatte et fantasmant déjà à l’idée de me prêter mon corps pour un service de sushis.

Je prends soin de brosser mes longs cheveux et me couche sur le sol. Je termine le plateau en déposant des sushis sur mon nombril, sur mes seins, et le dernier sur ma bouche. J’attends, nerveuse, la sortie de ma copine et sa réaction. Bien que j’ai les yeux fermés, j’écoute le sons de la douche, l’eau qui cesse de couler, le rideau se faire tirer et enfin, la porte s’ouvrir.

J’aimerais tant voir son visage mais je sens plutôt des doigts me parcourir, des mains me caressant, découvrant mon corps comme pour la première fois. Elle prend le sushi qui couvre ma bouche et m’embrasse. À son rythme, elle mange et me fait plaisir autant que la vue de mon œuvre que j’ai transformé, pour l’occasion, en magnifique plateau.